2000 ans d’histoireLe Grappilleur

Les Côtes du Rhône 2000 ans d’histoire (Grappilleur n°129)

Dès l’Antiquité, la vigne et le vin sont présents en Vallée du Rhône. Du vin antique à l’appellation d’origine contrôlée, histoire (très) exhaustive des vins de cette grande région viticole.

Épisode 9 – Les fondements de l’appellation d’origine contrôlée

Ensuite, les fondements de l’appellation d’origine contrôlée trouvent leur origine dans cette crise. Dans les Côtes du Rhône, le Baron Pierre Le Roy de Boiseaumarie est l’un des personnages clés de cette évolution.

Châteauneuvois par son mariage, juriste de formation, il a participé aux manifestations de Montpellier et connaît bien les difficultés des vignerons. Il décide de les aider et fonde les syndicats de vignerons de Châteauneuf-du-Pape (1923) et des Côtes du Rhône (1929) dans le but de valoriser le terroir, les pratiques et leur savoir-faire à travers l’appellation d’origine contrôlée.

Le combat est difficile : il faut convaincre l’ensemble des vignerons, parfois dans un climat très hostile de la part des négociants, et avancer sur le terrain juridique. Car l’appellation d’origine nécessite une reconnaissance officielle que le Baron le Roy, en bon juriste, décide de recueillir auprès des tribunaux.

La création de l’Institut national des appellations d’origine (Inao), en 1935, met un terme à cette débauche de moyens juridiques en se positionnant comme l’institution compétente de référence.

En Vallée du Rhône, compte tenu de l’antériorité et de la notoriété du vignoble, les appellations sont promulguées rapidement : Châteauneuf-du-Pape, Tavel, Saint Peray et Château Grillet en 1936, Côtes du Rhône, Hermitage et Crozes-Hermitage en 1937, Cornas en 1938, Côte Rôtie et Condrieu en 1940.

La Seconde Guerre Mondiale à peine achevée, naissent les appellations Vin doux naturel Rasteau en 1944 et le Muscat de Beaumes de Venise en 1945, Lirac en 1947, Saint Joseph en 1956. Cette même année, la destruction des oliveraies par le gel joue un rôle déterminant car la vigne conquiert les espaces forestiers. On plante les « cépages améliorateurs » exigés par l’Inao, tout en profitant des progrès de l’œnologie moderne.

Les Côtes du Rhône intègrent chaque année de nouvelles communes jusqu’au jour où les responsables du Syndicat des vignerons jugent qu’il faut arrêter pour ne pas mettre en péril l’équilibre économique de l’appellation.

Les vignerons concernés par ces refus changent alors de tactique en fondant de nouvelles appellations : les Côtes du Ventoux et les Coteaux du Tricastin, promulgués en 1973, datent de cette époque.

Preuve que l’appellation n’est pas une entité figée, au début des années cinquante, certains villages des Côtes du Rhône obtiennent l’autorisation de mentionner leur nom sur l’étiquette. Ils préfigurent ce qui deviendra plus tard, en 1966, l’appellation Côtes du Rhône Villages.

Gigondas obtient, en 1971, son accession en appellation locale (ou « cru »). Vingt ans plus tard, ce sera au tour de Vacqueyras. Puis suivront Beaumes-de-Venise, Vinsobres, Rasteau et Cairanne.

Source : Syndicat des Côtes-du-Rhône