Vins bio ou biodynamique, cherchez le logo (Grappilleur n°135)
La viticulture bio adopte une approche globale : un sol vivant et à la biodiversité entretenue, des qualités de cépages résistantes aux maladies fongiques et parasites, si nécessaire une utilisation très surveillée de produits naturels et une vinification sans modification physique et exempte d’additifs. Loin d’être un effet de mode, le chemin peut être semé d’embûches – rendement plus faible, épidémie de mildiou par exemple – mais à terme, une vigne soignée de manière naturelle sait aussi mieux se défendre contre les maladies.
Le vin « bio » existe depuis longtemps, mais l’offre a été longtemps réduite à la portion congrue. Poussée par une demande accrue des consommateurs soucieux de s’épargner les résidus de pesticides, l’offre a été dopée par un cadre légal qui permet d’y voir plus clair. Les réglementations répondent à la demande des consommateurs d’avoir les garanties nécessaires pour que la confiance s’installe. Les normes européennes spécifiques à la viticulture et à la vinification bio ne sont sorties que vers 2012, après une bataille épique et… sulfureuse. En effet, le sulfite, aussi appelé anhydride sulfureux ou dioxyde de soufre, a été l’enjeu d’âpres négociations. S’il est effectivement produit naturellement lors de la vinification en plus ou moins grande quantité, il peut être rajouté par le vigneron à certains moments du processus. Ses propriétés antioxydantes et antifongiques, découvertes dès le XIXe siècle, en ont fait un des additifs les plus employés. Dès lors, les vignerons des régions sud, dont les terroirs se situent dans les climats secs, se montraient plutôt intransigeants sur les sulfites. En revanche, là où le climat humide favorise le développement de pourriture, on espérait un taux autorisé un peu plus élevé. Un accord initial a été trouvé avant de diminuer les teneurs autorisées au fil des années.
Une douzaine d’années plus tard, où en sommes-nous ? Le producteur est autorisé à utiliser le label 100 % BIO par l’organisme officiel de certification. En France, l’INAO est l’autorité de contrôle nationale alors que dans notre pays c’est BioSuisse qui décerne le label Bourgeon.
Les principales conditions qu’un vin doit remplir pour se voir attribuer le label bio sont les suivantes :
- Le viticulteur ne fera recours à aucun produit chimique de synthèse ou OGM. Si nécessaire, il n’utilisera que des produits exclusivement naturels tels que le compost ou le cuivre en quantité strictement contrôlée.
- La protection phytosanitaire doit s’appuyer en priorité sur des méthodes mécaniques favorisant la santé du sol.
- La vinification ne se fera qu’à partir de raisins 100 % bio ; interdiction de certains procédés physiques tels que l’électrodialyse.
- Application de la liste stricte d’additifs et d’auxiliaires biologiques, contrôle du taux total de sulfites naturel et ajouté.
Une période de 3 ans au minimum est nécessaire entre le début de la conversion et l’attribution du label. Dès la seconde année, l’indication « produit en conversion » peut être ajoutée sous la condition de n’utiliser que le moût de vin pur – aucun sucre, alcool ni moût concentré rectifié (MCR) ajouté. Après ces 3 ans et si toutes les conditions sont remplies, l’étiquetage « Vin biologique 100 % » est autorisé.
Et la biodynamie dans tout cela ?
On l’ignore souvent, mais la biodynamie est l’ancêtre de l’agriculture bio. Née des préceptes de Rudolph Steiner dans les années 1920, elle a participé à fonder un courant de pensée et d’action se basant sur le respect de la nature et sur le rejet des pesticides et engrais de synthèse. La biodynamie va beaucoup plus loin que la culture biologique traditionnelle : elle préconise une redynamisation du sol par des préparations spécifiques, faites de produits exclusivement naturels, selon un cahier des charges très précis et en respectant les cycles lunaires. Le but est de toujours donner à la terre toute sa force pour implanter la vigne. À défaut de preuve scientifiquement fondée ou même d’effets mesurables, certains émettent des doutes sur l’efficacité de la méthode. À vous de déguster, de parler avec le vigneron et de vous faire une idée !
DEMETER est l’organisme qui délivre la certification biodynamique. En France, seuls 2 % de la surface viticole est biodynamique, regroupant 600 vignerons répartis entre le Languedoc, les Côtes du Rhône et la Bourgogne, et avec quelques grands noms tels que Romanée-Conti ou le Champagne haut de gamme. Une tendance qui reste en croissance douce mais constante.
Marie-Christine Sawley
Références :
- https://www.lavrf.com
- https://www.fibl.org/fr/ fiche technique numéro 4, édition Suisse 2024
- https://demeter.ch/fr/