Le Grappilleur

Le Grappilleur n°118

L’odeur de l’asphalte mouillé pénètre dans mes narines lorsque je longe le petit chemin de briques me menant au restaurant du Théâtre à Monthey.

En intégrant la famille des amants des Costes du Rhône, j’ai appris que non seulement l’on idolâtrait les belles jambes rouges glissant sensuellement le long d’un verre de cristal, mais qu’il était impératif de les accompagner de mets à leur hauteur.

C’est le 58ème Chapitre de la Baronnie suisse, et mon 1er depuis que j’ai été intronisée une année auparavant. Les Chevaliers et leurs invités se pressent à l’entrée du théâtre … pour ne pas prendre la pluie, diront certains. Mais moi, je ne sais que trop bien ce qui les anime en réalité : le délicieux apéritif concocté avec soin par nul autre que le grand chef Mauro Capelli.


L’ENTRÉE DANS LA COUR DES… VINS !

La déception n’a pas été de mise ce soir-là. Chef Capelli avait mis à l’honneur des produits de nos merveilleux terroirs avec un style que peu maîtrisent en Suisse. Ce magicien de la cuisine « bien de chez nous » nous présenta ces plats, comme il narrerait un conte de fées. Chaque ingrédient du mets est sublimé, tant verbalement que physiquement et, bien sûr, gustativement ! Du lac Léman au sommet du Haut Valais, la truite et l’agneau Nez Noir, en passant par les incontournables fraises, me ravirent les papilles.

Lorsque l’on intègre la famille des amoureux du nectar rhodanien, on est très vite pris sous l’aile de nos frères et sœurs Chevaliers, Officiers et Commandeurs. C’est ainsi que même novice en la matière, mes frères m’offrent des cours d’œnologie improvisés. Quel plaisir pour une néo-passionnée ! C’est ainsi que je tombe sous le charme d’un Saint-Joseph du domaine de Louis Chèze, Cuvée Ro-Rée de 2016. Pas de doute, je ne rentrerai pas sans lui à la maison ce soir !

Le dernier week-end d’octobre promettait deux belles soirées sous les couleurs du terroir viticole de Vinsobres ; l’une consacrée à la dégustation et l’autre au 59ème Chapitre. Certes, sur le papier, le cadre de la salle communale de l’Ancien-Stand de Blonay pourrait paraître moins glamour que celui du printemps, mais nos deux vigneronnes invitées, Anaïs Vallot du Domaine du Coriançon et Audrey Jaume du domaine éponyme, à l’accent provençal charmant, ainsi que Sir Victor Taylor de Serre-Besson, à l’élégance d’outre-mer, ont pimenté ma soirée. Sans compter, comme toujours, mes frères et sœurs, courtisans-nes du bon goût, sans qui tous ces moments tourneraient… au vinaigre !

Mariana Vallodocampo Chevalier


BIO OU BIODYNAMIE ?

C’est la tendance qui n’a pas échappé aux consommateurs. Ces dernières années, bon nombre d’œnophiles n’ont de cesse de rechercher des vins bios. Mais ne faudrait-il pas plutôt dire des vins issus de l’agriculture biologique ?

En effet, ce n’est pas le vin qui est bio, mais le raisin. Les pratiques des vignerons doivent respecter un cahier des charges très strict imposé par l’Union européenne avec pour leitmotiv de cultiver la vigne tout en respectant le vivant et les cycles naturels.

Le vigneron ne peut donc pas utiliser de pesticides de synthèse, d’engrais chimiques ou d’OGM. Les racines s’ancrent alors plus profondément dans le sol pour puiser davantage les caractéristiques du terroir, qui seront reproduites dans le verre. Grâce au logo AB, les consommateurs identifieront facilement les vins bios.

La biodynamie dans les vignes existe depuis des décennies. Et pourtant, son concept reste encore très flou pour les consommateurs.

L’état d’esprit de la culture bio, quant à la préservation de l’environnement, s’applique dans ce cas, mais d’autres règles s’ajoutent. La biodynamie peut paraître même mystique pour certains, puisqu’elle fait appel aux forces célestes et terrestres. Certains vignerons n’hésitent pas à s’en remettre au calendrier lunaire pour cultiver la vigne. Ce sont les rythmes lunaires et planétaires qui vont dicter ici le travail du vigneron. Les tâches ne doivent d’ailleurs pas être mécanisées. C’est pourquoi, le cheval de trait fait sa réapparition dans les vignobles français concernés. L’autre principe fort de la biodynamie consiste à renforcer le système immunitaire de la vigne et à panser les plaies avec des préparations à base de camomille, d’ortie ou de silice. De l’homéopathie pour la vigne en somme.

La grande différence entre le bio et la biodynamie se trouve dans la présence de sulfites. Les vignerons ajoutent des composés chimiques pour mieux maîtriser la fermentation. Dans l’agriculture biologique, cette pratique est limitée alors qu’en biodynamie, elle est pratiquement interdite.

Les vins biologiques de Côtes-du-Rhône bénéficient de la richesse historique et de la diversité viticole de la région. La diversité des reliefs, des sols et des expositions façonne des vignobles riches et variés à découvrir et redécouvrir.

Les quelque 525 exploitations viticoles bios représentent toutes les appellations de la région. Sur les 5’174 hectares, dont 16 % encore en conversion, les pratiques des viticulteurs bio entretiennent et améliorent la fertilité des sols, favorisent la biodiversité et préservent la qualité de l’eau et de l’air. Les sols sont vivants, les racines développées en profondeur, le terroir peut s’exprimer pleinement.

Prendre le temps du désherbage : le désherbage est effectué mécaniquement, grâce à des outils à dents ou à disques, entre les rangs, tirés par des tracteurs ou des chevaux de trait, et des interventions délicates entre les ceps sur les rangs. Les herbicides sont interdits.

Protéger la vigne dans le respect de l’environnement, un maximum de prévention : travaux en vert plus fréquents pour favoriser l’aération, suppression des organes touchés, maintien d’une diversité végétale favorable aux auxiliaires (certains acariens, punaises, guêpes, bactéries ) autour de la parcelle. Des solutions respectueuses de l’environnement: utilisation de substances naturelles, végétales ou minérales, ou d’auxiliaires. Les produits utilisés en agriculture biologique restent peu de temps dans le milieu et sont respectueux de l’écosystème. Les pesticides chimiques de synthèse sont interdits. Le recours au cuivre est encore nécessaire en cas de forte pression, dans des doses plus réduites qu’en conventionnel, en attendant des alternatives issues des travaux des chercheurs et viticulteurs bio. A noter que les parcelles bio hébergent plus de biodiversité et que la vie des sols est plus riche.

Nourrir le sol pour nourrir la vigne : les composts viennent enrichir les sols, tout comme les engrais verts : trèfle incarnat, moutarde, seigle, avoine… Les fertilisants chimiques de synthèse sont interdits.

Respecter un cahier des charges précis : l’agriculture biologique est le seul signe officiel de qualité qui garantit des pratiques respectueuses de l’environnement. Avec plus d’une visite par an ainsi que des analyses par un organisme certificateur indépendant agréé par les pouvoirs publics, c’est le mode de production agricole le plus contrôlé.

La vinification biologique est définie par la réglementation européenne depuis le 1er août 2012 et instaure des règles pour respecter le plus possible la véritable nature du produit tout en préservant la diversité et la qualité des vins : Emploi de raisins exclusivement biologiques, Interdiction de certaines pratiques de vinification, Limitation stricte des intrants utilisables, Limitation des apports en sulfites autorisés ( qui restent dans tous les cas inférieurs au maximum autorisé en conventionnel ).

Les vins élaborés avant cette date portent la mention « vin issu de raisins de l’agriculture biologique ». Depuis, le « vin biologique » est arrivé ! La marque AB, propriété du Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, est un repère aujourd’hui facultatif. C’est le logo européen « Eurofeuille » qui permet d’identifier les produits bio.

En outre, un bon nombre de vignerons choisit de se conformer volontairement à des chartes privées applicables au vin bio.


Le coup de coeur de la rédaction

Dans les hauteurs de la cité médiévale de Vaison-la-Romaine, sous les voûtes d’une ancienne écurie du XIIème siècle et dans un cadre intimiste, votre rédaction vous invite à découvrir la cuisine délicate et parfumée aux accents de Provence du Chef Philippe Zemour. Philippe célèbre la cuisine provençale avec talent en déclinant des mets à la fois simples et sophistiqués. Parfaitement conseillé par Gaelle, cette étape gastronomique met également une superbe sélection de vins rhodaniens à l’honneur.

Sans conteste, le Bistro du O est l’une des meilleures tables de la région.

Bistro du O
37, rue Gaston Gévaudan 84110 Vaison-la-Romaine www.bistroduo.fr


LES GUIDES DES VINS CHERCHENT LEUR CHEMIN

La route des vins est-elle si tortueuse qu’on ne puisse s’y aventurer sans un bon guide ? C’est ce que semble indiquer le rayon vin des librairies. Guide des meilleurs vins, Guide des rosés, Guide des vins bio, Guide des vins de Bordeaux… En moyenne, une quarantaine d’ouvrages pointent leur couverture à chaque nouveau millésime. La plupart paraissent en septembre, mois béni, car celui des vendanges et des foires aux vins.

Et chaque année, la récolte est bonne. Le guide Hachette, le plus populaire en France, annonce écouler près de 80’000 exemplaires par an, les autres tournant autour des 20’000.

Des chiffres trompeurs si l’on en croit une étude publiée en décembre 2015 par l’agence de conseil Sowine. A la question « Avant d’acheter un vin, vous consultez… », les Français interrogés ne sont que 8 % à répondre « des guides spécialisés». A égalité avec Internet et loin derrière « les professionnels » ( 23 % ) ou «leur entourage» (38 %). Le bouche-à-oreille et le conseil du caviste sont donc plus puissants que les bibles de la bouteille.

Mais alors, les lecteurs n’achètent-ils donc les guides que par habitude, comme annuaire, ou, pire, pour caler les meubles ? « Une enquête montre que nos lecteurs s’offrent notre guide un an sur deux, explique Stéphane Rosa, directeur de la publication du guide Hachette. Ce sont des hommes, pour 80 % d’entre eux, et on peut dire que ce sont des amateurs éclairés : leurs caves contiennent entre 100 et 500 bouteilles de vin. Ils le consultent avant d’aller dans le vignoble, pour guider leur choix quand ils font leur liste de courses. Mais aussi après avoir bu un vin qui leur a plu, pour savoir ce que le guide en dit. Nous sommes une sorte de caution ».

Les manifestations, dégustations et chapitres organisés par la commission de dégustation de votre Petit Conseil sont donc encore et toujours un des meilleurs moyens de découvrir ou redécouvrir de délicieux nectars, le contact direct avec les vignerons invités est également une bonne manière de s’orienter dans ses choix propres et amener chacun à visiter notre région de prédilection: Les Côtes-duRhône.

Inspiré d’un article d’Ophélie Neiman pour le Monde


CDR VILLAGES SUZE-LA-ROUSSE

Il y a quelque 18 mois, l’INAO ( Institut National des Appellations d’Origine ) a reconnu l’Appellation Côtes-duRhône-Villages Suze-la-Rousse.

L’Appellation CDRV Suze-laRousse bénéficie du climat et du charme de la Drôme Provençale, entourée de lavandes et de chênes truffiers. Les sols, très diversifiés peuvent être à la fois caillouteux, mêlant des galets roulés, ou argilo-calcaires où les cépages, Grenache ( 65 % ), Syrah (20 %), Carignan (10 %), Mourvèdre et Cinsault ( 5 % ), s’épanouissent pleinement.

Les vins présentent une robe pourpre et intense aux reflets de grenat sur des arômes complexes et intenses de fruits rouges sur un lit de garrigue. Ils sont généralement chaleureux et puissants et accompagneront volontiers les volailles rôties et autres gigots d’agneau.

L’aire parcellaire délimitée en AOP Côtes-du-Rhône-Villages sur le territoire de l’aire géographique Suze-la-Rousse représente 2’607 hectares et s’étend sur quatre communes (Bollène en Vaucluse; Bouchet, Suze-la-Rousse et Tulette dans la Drôme ).

La forteresse médiévale de Suze-la-Rousse est édifiée sur un promontoire rocheux surplombant le village. Elle permet de découvrir d’un seul regard l’ensemble du vignoble. Cette ancienne propriété des Princes d’Orange abrite depuis 1978 l’Université du Vin, école de renommée internationale, qui propose un large éventail de formations aux métiers de la vigne et du vin. C’est également un centre de dégustation et de documentation ainsi qu’un laboratoire vinicole. Elle est aussi le siège de notre confrérie : La Commanderie des Côtes-duRhône »


Rédaction – Thierry Assaf, Commandeur
www.baronnie-suisse.ch