Le Grappilleur

Le gel et les vendanges (Grappilleur n°125)


Jamais le gel n’avait autant amputé la vendange. Les comptages réalisés par plusieurs consultants viticoles mettent en évidence une baisse historique du nombre de grappes. La récolte sera aussi impactée par la petite taille des grappes secondaires.

Le gel a bien fait des ravages ce printemps dans le vignoble. Dans le Gard, les comptages réalisés par les consultants de l’Institut Coopératif du Vin (ICV) sur 100 parcelles de grenache, syrah, cabernet sauvignon, merlot, chardonnay, et sauvignon mettent en évidence une baisse historique du nombre de grappes.

« Avec 13,5 inflorescences par souche en moyenne, la sortie 2021 est inférieure de 15% à celle de 2020, déjà impactée par le gel, et de 24% par rapport à la moyenne des dix dernières années. Par le passé, aucune année de gel n’avait eu d’impact aussi marqué sur le potentiel de récolte du département » rapporte Bernard Genevet.

Les bourgeons débourrés après le gel ont été très peu fertiles. « On note une rupture très nette au-delà de 50 % de jeunes sarments gelés avec une moyenne de 8,7 inflorescences par pieds ». Les vignes gelées à 100 % n’ont plus ou moins que 2,7 grappes.
Avec des températures enregistrées jusqu’à -9° Celsius, tous les cépages sont affectés. Comme en 2020, les plus gros dégâts sont constatés sur les cépages chardonnay et grenache du fait de leur précocité.

La zone côtes du Rhône sud est relativement épargnée par la chute du potentiel de production, alors que le nord de la vallée du Rhône nord est très touché. Responsable des services viticoles de l’ICV, Jacques Rousseau noircit un peu plus le tableau. «Il faut s’attendre à une baisse de récolte supérieure à la baisse du nombre de grappes mesurée actuellement car les grappes secondaires sont beaucoup plus petites que les primaires » prévient-il.

Ailleurs en Provence, Vallée du Rhône, et Languedoc-Roussillon, les consultants viticoles ont compté les grappes sur une centaine de parcelles sur les quelles les dégâts de gel avaient été précisément évalués. Ils ont trouvé une moyenne de 15 inflorescences dans les vignes épargnées. «Elle est tombée à 7,6 dans les vignes gelées à plus de 50% et même 6,1 dans celles gelées à plus de 80%» indique Jacques Rousseau, le responsable des services viticoles.

L’analyse qualitative que les différents consultants ont réalisée sur des cépages taillés en cordon ou gobelet montre que tous n’ont pas réagi de la même façon. « Certains cépages comme le carignan ou la syrah présentent des taux de destruction assez proportionnels à l’intensité du gel » résume Jacques Rousseau. Dans ce cas, les inflorescences primaires détruites n’ont pas été compensées par les inflorescences secondaires des bourgeons axillaires, de la couronne ou du vieux bois. «Les parcelles touchées à plus de 80 % n’ont que 2 à 3 grappes par pied ».

Source : Vitisphère