Décryptage : à quoi servent les appellations dans le vin ? (Grappilleur n°129)
Appellations d’origine contrôlées, appellations d’origine protégées, indications géographiques protégées… dans le monde du vin, les appellations sont nombreuses. Faisons le point sur leur raison d’être.
Bordeaux, Châteauneuf-duPape, Bourgogne, Saint-Émilion, Grand Cru, Côtes-du-Rhône, Vallée de la Loire, Languedoc, ont tous un point commun. Ce sont des appellations d’origine contrôlées. Attribuées par l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) qui a conservé son acronyme, mais s’appelle aujourd’hui l’Institut National des Origines et de la Qualité, il en existe près de quatre cents en France qui représentent près de 50 % de la production nationale. Des AOC (appellations d’origine contrôlées), des AOP (appellations d’origine protégées) et des IGP (indications géographiques protégées) entre autres.
Pour comprendre le sens d’une telle accumulation, il faut se replacer dans le contexte du vignoble français au début du XXe siècle. Suite à la crise du phylloxera, les vignes hybrides sans porte-greffe, très résistantes aux maladies, très productives, mais produisant des vins de qualité médiocre, sont majoritaires en France. De plus, dans une course effrénée à la quantité, les importations de vins algériens servant à faire monter les degrés d’alcool sont très importantes.
Dans les années 1930, les fondateurs des appellations, Pierre Le Roy de Boise au marié et Joseph Capus ont deux éléments en tête. Les appellations vont donc définir et protéger les «usages locaux, loyaux et constants ». En 1936, les premières appellations sont créées : Arbois, Cassis, Châteauneuf-du-Pape, Monbazillac et Tavel. Ces appellations, comme toutes les autres, doivent respecter un cahier des charges réglementant les rendements, les types de cépages, les pratiques viticoles…
Au final, l’ensemble des éléments du cahier des charges doit garantir aux consommateurs, l’authenticité des vins, leur typicité et leur qualité. Le changement de nom de l’INAO en 2006 insiste encore sur ce dernier point. Et c’est bien là que le bât blesse. Les appellations protègent un terroir qui est le fruit de l’alchimie entre la nature (géologie, climat…), les cépages et le travail de l’homme.
Mais les vignerons ne sont pas tous égaux face à la vigne ou à la cuve. Aujourd’hui en protégeant les « usages locaux, loyaux et constants », le cahier des charges des appellations est vu comme un carcan conservateur qui empêche les vignerons de s’adapter aux évolutions climatiques ou qui bride les plus créatifs et talentueux d’entre eux.
À titre d’exemple, c’est ainsi que le mythique Domaine de Trévallon est une IGP Arpilles et que personne ne soutiendra qu’il soit moins bon qu’une AOC locale. Cette notion de qualité est donc discutable. AOC n’est pas une marque qui assure au consommateur une qualité homogène. Une AOC peut décevoir un amateur quand un vin en IGP l’émerveillera. La raison est simple :il ne faut jamais oublier que le savoir-faire des vignerons ne réside aucunement dans un cahier des charges !
Source : Figaro Vins