Le Grappilleur

Les appellations injustement inconnues de la vallée du rhône (Grappilleur n°130)

La Vallée du Rhône s’exprime au-delà des crus et des Côtes-du-Rhône au travers d’appellations régionales qui méritent d’être un peu plus dans la lumière.

Est-elle du sud de la Vallée du Rhône au faut-il la classer au Nord ? La petite appellation Côtes-du-Rhône Brézème n’appartient à aucune chapelle. À la confluence du Rhône et de la Drôme, au-dessus de Livron-sur-Drôme, elle n’est, pour l’instant (voir article Brézème dans ce numéro), ni cru, ni villages, ni régionale. Elle est Brézème et produit de la syrah, des blancs assemblant viognier, marsanne et roussanne, qui se révèlent en bouteilles plutôt typés par la fraîcheur du Nord.

Plus à l’est, le vignoble subit une double influence : celle du Vercors, montagnarde, et celle du Sud, méridionale. Nous voici dans le Diois. Sa clairette pétillante, réalisée en méthode ancestrale et légèrement sucrée, ne titre que 9°. Vin tranquille et crémant (en méthode traditionnelle) viennent la soutenir.

Passé Montélimar, la plus connue Grignan-les-Adhémar produit les trois couleurs sous influence directe du Rhône : galets ronds, hautes terrasses, argiles de cailloutis et terrasses alluviales. En face, on aperçoit l’Ardèche et son appellation intime des Côtes du Vivarais, posée sur le plateau des Gras, aux soubassements creusés de rivières souterraines et de cavités hallucinantes de profondeur comme l’Aven d’Orgnac. Ses vins ? Ils se distinguent par une fraîcheur savoureuse et du caractère.

Plus au sud, le mont Ventoux est la figure tutélaire du Rhône sud. Si son climat réchauffe, son influence marque les vins des Côtes du Ventoux d’une fraîcheur constante. Profitant d’un terroir riche en biodiversité, le vignoble du Luberon dont les vins revendiquent leur appartenance provençale, laquelle apparaît dans le détail d’un bouquet franchement épicé et savoureusement fruité.

À l’extrême opposé, le Duché d’Uzes offre plus de modestie dans ses crus vibrants de la fraîcheur des Cévennes, ciselés et aériens, qui empruntent des parfums des garrigues alentours. En descendant vers la Camargue, entre Arles et Nîmes, on rencontre la clairette de Bellegarde, blanc resté confidentiel, juste avant de rejoindre les Costières de Nîmes. Ce vignoble est issu d’une succession de côtes en rebond formant une terrasse de galets roulés du Rhône et de la Durance, enveloppés de sable. Les rouges y présentent une structure tannique, sans épaisseur, à la pointe de velours séduisante et toujours signés par les sables qui les voient naître.

Encore tant de choses à découvrir…

Source : RVF